Dr. Hasnâa CHEMSI
Pédopsychiatre - Addictologue - Psychothérapeute
Comment définir simplement l’autisme ? Comment ce syndrome affecte-t-il les relations interpersonnelles, la communication et le comportement de manière plus générale ?
L’autisme est un trouble précoce du développement et du fonctionnement cérébral, c’est un trouble sévère d’origine neurobiologique. Il se manifeste au cours de la petite enfance, avant l’âge de 3 ans, et persiste tout au long de la vie.
Les troubles du spectre de l’autisme (TSA) est un trouble neuro-développemental qui se caractérise par des altérations au niveau de la communication et la réciprocité sociale avec présence d’intérêts restreints et stéréotypés.
Des altérations des interactions sociales : l’enfant ne se retourne pas quand les parents s’adressent à lui, isolé du groupe, a un contact inapproprié (toucher, faire des grimaces), le regard peut être tantôt fuyant, tantôt perçant, ou bien envahissant (ne comprend pas les distances entre les personnes), il présente un manque d’empathie, et des difficultés à partager ses émotions et sentiments ce qui peut générer des troubles de comportement.
Des altérations de la communication verbale: certains enfants peuvent présenter une absence totale du langage, mais quand le langage est présent, il présente des particularités (écholalie, jargon, inversion, pronominale, intonation étrange, voix peu modulée), difficulté d’accès au second degré.
Des altérations de la communication non verbale : pas d’utilisation ou mauvaise utilisation du pointé, avec des troubles au niveau de l’attention conjointe, mauvaise compréhension ou utilisation des codes sociaux, des difficultés d’interprétation des émotions et des sentiments des autres avec des gestes inappropriés.
Des caractères restreints et répétitifs des comportements, activités et intérêts : peu d’intérêts ou bien trop envahissants, n’accepte pas les changements avec présence de stéréotypies.
Des hypo ou hyperréactivités sensoriels : intérêts pour la lumière, ou bien l’eau qui tourne, recherche de sensations tactiles, ou bien évitement de certaines textures, un seuil de douleur bas, tourne sur lui-même, peut être très sélectif dans ses choix alimentaires …
D’autres troubles sont souvent associés : les troubles psychomoteurs, les troubles sensoriels, les troubles du sommeil, les troubles de l’alimentation, les troubles psychiatriques (dépression, anxiété, déficit d’attention-hyperactivité), L’épilepsie, la déficience intellectuelle, les syndromes génétiques.
Que sait-on de son origine ? Que pensez-vous du dépistage génétique ?
Les recherches ont objectivé la présence de variété de vulnérabilités génétiques qui pourraient rendre un enfant plus susceptible à développer l’autisme. Il y a également eu des recherches sur des facteurs environnementaux (certaines infections virales durant la grossesse, exposition aux pesticides, métaux lourds avant ou durant la grossesse, un débalancement métabolique, la pollution atmosphérique, des carences nutritionnelles avant ou durant la grossesse, certains médicaments durant la grossesse, le diabète de grossesse et des réactions du système immunitaire durant la grossesse), et la liste est longue.
Les recherches se poursuivent pour déterminer l'existence et les causes des particularités qui pourraient expliquer l'apparition d'un trouble du spectre de l'autisme. Précisons qu'il s'agit probablement d'une combinaison de différents facteurs génétique, neurobiologique, et environnementaux encore mal définis.
Aucun test génétique ou marqueurs neurobiologiques ne peuvent actuellement permettre le dépistage du TSA.
Quelles sont les conséquences d’une prise en charge tardive ? Y a-t-il des solutions pour éviter d’en arriver là ?
Une prise en charge précoce et adaptée est un facteur majeur pour une évolution favorable. La plasticité cérébrale « la capacité du cerveau à changer sa structure et son fonctionnement au cours de sa vie comme réaction à la diversité de son environnement » est en effet particulièrement forte dans les premières années de vie, afin de minimiser les déficiences qui caractérisent souvent l’autisme.
La prise en charge doit être précoce, individualisée, coordonnée avec les différents intervenants autour de l’enfant, Le choix des interventions et modalités d’accompagnement sont à adapter tout au long de l’évolution de l’enfant pour définir son projet individualisé.
Les interventions sont assurées par des équipes formées et compétentes dans la prise ne charge des enfants autistes, coordonné, généralement par un pédopsychiatre.
Le rôle central des parents est indiscutable (programmes d’accompagnement et de formations aux interventions peuvent être proposés).
Les aménagements pédagogiques et les accompagnements à la scolarisation sont évalués dans le cadre de réunions pluridisciplinaires avec l’école.
Un large choix d’interventions, de thérapies et de rééducations peuvent être proposées, le choix se fait notamment en fonction de la sévérité de l’autisme, du degré de la déficience intellectuelle éventuellement associé, du niveau du langage oral, du développement psychomoteur, troubles sensoriels…
Le confinement n’a pas dû être facile à vivre pour les enfants autistes !
Le confinement était une épreuve de plus pour les parents d’enfants autistes. Alors que ces derniers souffraient déjà d’isolement, de préjugés et d’un système éducatif peu inclusif, l’arrêt des prises en charge a eu un effet négatif sur leurs enfants et sur la stabilité de la famille. Des comportements qui avaient été améliorés grâce à la prise en charge se sont réapparus et se sont multipliés. Les enfants autistes sont hypersensibles et angoissés qui ont besoin de leurs repères. Le changement radical des routines, la perte des repères et l’incompréhension de la situation a eu un effet désastreux.
On objectivé une aggravation des troubles du comportement, avec apparition de troubles anxieux et d’états de stress post-traumatique. Les familles vivent dans un stress permanent.
Par ailleurs d’autres familles ont rapporté que l’absence de pression scolaire, le rythme ralenti de la vie familiale ont eu un effet positif sur leurs enfants.
À quoi sont dus les retards de pec au Maroc ? Existe-t-il des problèmes de démographie médicale dans le pays, en particulier les orthophonistes…
Retard de dépistage et de diagnostique précoce.
Manque de formation continue des professionnels de santé sur les signes précoces de l’autisme.
Manque de formation sur les différents outils d’évaluation et de prise en charge éducative et comportementale des enfants TSA.
Absence de centres de référence permettant dépistage et diagnostic précoce.
Manque de professionnels de santé qui prennent en charge les enfants autistes : orthophonistes, psychomotriciens, psychologue et éducateurs….
Répartition non équilibrée des professionnels dans les différentes régions du royaume avec une prédominance au niveau de l’axe Casa-Rabat.
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